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La musique arabo-andalouse |
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Al Andalus, nom donné au sud de la péninsule Ibérique où s’établirent les invasions successives de peuples d’origine arabe et nord-africaine du VIIIe au XVe siècles, fut pendant le Moyen-Âge un foyer de culture dont l’influence devait rayonner sur toute l’Europe médiévale. L’Europe n’avait alors pas encore atteint un degré de civilisation comparable à la splendeur et au raffinement extrême auxquels étaient déjà parvenus les habitants du Sud de l’Espagne. Très vite, après que le Califat de Cordoue eut proclamé son indépendance en 755, la culture devint autochtone, aboutissant à une forme de vie et à un esprit typiquement andalous, nés du mélange des cultures antérieures de la péninsule, du legs grec et des apports orientaux. Déjà à l’époque romaine, les danseuses de Cadiz, héritières présumées de la culture de l’île de Tartessos, étaient célèbres.
La musique, proscrite par le Coran au même titre que le vin ou toute forme de représentation anthropomorphique ou animale, était particulièrement florissante en Al-Andalus grâce au mécenat des émirs, des princes et des califes. Étudiée par les plus illustres théoriciens, elle était interprétée par les meilleurs musiciens. On comprend aisément qu’un peuple, établi dans une région très fertile, amoureux de la nature et des plaisirs les plus raffinés, du bon vin, de la poésie la plus exquise et des plus hautes manifestations de l’esprit, ne pouvait suivre avec une très grande orthodoxie les prescriptions du prophète.
La musique arabo-andalouse ou hispano-musulmane nous a seulement été transmise par la tradition orale. Au début du XIIIe siècle et après la conquête de Cordoue, Séville et Valence par les chrétiens, les habitants de Cordoue s’installèrent à Tlemcen, ceux de Séville à lfriqiya, l’actuelle Tunis, et ceux de Valence à Fez. Grenade demeura le seul centre musical de la péninsule. La ville étendit son influence jusqu’aux villes nord-africaines déjà citées, jusqu’à sa chute, le 2 janvier 1492, date à laquelle les habitants de Grenade allèrent s’établir à Tetuan et Chauen. Ces villes conservent encore la tradition de cette culture dans sa plus grande pureté.
La grande forme musicale où brillèrent particulièrement les arabo-andalous est la Nouba, littéralement “tour”. C'est une série ou une suite de mélodies regroupées en différents mouvements, selon un ordre préétabli et composées dans le même mode musical. Historiquement selon le livre de El Haik (Mss. de Tetuan), il y avait vingt-quatre Noubas qui correspondaient aux vingt-quatre heures du jour, mais malheureusement elles ne nous sont pas toutes parvenues, et celles qui ont survécu ne sont pas toutes complètes. La Nouba est une forme musicale monodique très élaborée. Elle est uniquement instrumentale ; même lorsque le chant y constitue un élément concertant inséparable, il n’a pas de valeur artistique en soi, mais seulement une fonction décorative. La Nouba n’a pas d’expression dynamique et ses mouvements s’accélèrent progressivement du milieu jusqu’à la fin. Ses deux éléments essentiels sur le plan musical sont la mélodie - instrumentale et vocale - et le rythme. La composition mélodique est basée sur un nombre variable de mélodies (sana‘a) précédées d’un prélude instrumental, qui peut être de différents types : M’shalya ou Buguia, Si le rythme est libre, et Touchia (prélude) ou Bacheraf (ouverture) si le rythme est défini. Un M’shalya interprété par un instrument en solo est appelé Taqsim. Par ailleurs, un autre type de chanson, le Mual, de rythme libre et de caractère parfois improvisé, vient s’intégrer dans la Nouba.
Un autre chant enfin, appelé Inshad, est utilisé tantôt comme prélude, tantôt pour relier les mouvements entre eux. Après l’introduction, constituée par l’une des formes du prélude déjà exposées, commence l’exécution de la suite, selon un plan général d’organisation rythmique. Le rythme, toujours complexe, est l’élément distinctif de chacune des cinq parties qui forment la Nouba et qui donnent leurs noms aux cinq mouvements: Basit, Qaim ua nisf, B‘tayhi, Darf et Quddam. |
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